Parlons juste : Professeurs détachés…

Guillaume Peltier, secrétaire national de l’UMP,  affirmait sur D8 le 18 octobre dernier : « Il y a 45000 professeurs détachés dans les syndicats ». Chiffre ahurissant, surtout si l’on se rend dans la journée sur le site des décodeurs, surtout si l’on se réfère au dernier, brandi par l’ex-ministre Darcos, en 2007 ou 2008. « Il y a 28000 professeurs détachés ici ou là, (…) nous allons les remettre au travail ».

Lui n ‘avait pas dit « détachés dans les syndicats ». En réalité il y a environ mille professeurs détachés dans les syndicats à temps plein. Monsieur Peltier, comme Monsieur Darcos, sont tous les deux professeurs de l’éducation nationale « détachés », l’un dans un parti politique, l’autre dans un ministère il y a quelques années.

Qu’est ce qu’un professeur détaché ? Celui qui en a marre d’être attaché à des classes de 36 élèves, à un bureau miteux, un tableau noir poussiéreux, à une salle des profs où le café est infect, à des ordinateurs qui rament et à des escaliers casse-gueule(s) où des hordes de mômes braillards et insolents risquent à tout instant de vous rentrer dedans en vous insultant. J’exagère ? Oui, un peu, je l’avoue très humblement.

Pourquoi Guillaume Peltier a-t-il alors claironné ce nombre de 45000 ?

Peut-être a-t-il confondu avec les 40000 postes à créer à la rentrée 2013 par l’actuel ministre Peillon. Quelques mois plus tard, plusieurs centaines démissionneront ou se suicideront  après avoir reçu des coups, des injures ou des crachats, quand ce n’est pas plus; l’année suivante, quelques milliers se détacheront de leurs chaînes en postulant, à l’occasion du « mouvement » de juin 2014.des affectations ds les Alliances Françaises ou les centres culturels africains ou asiatiques, voire dans de superbes écoles chrétiennes, comme Sainte Marie de Hann à Dakar où de magnifique oiseaux métallisés picorent leur pitance dans les allées sableuses, où les musulmans et les catholiques s’entendent à merveille, sauf que les profs détachés touchent un salaire environ huit fois supérieur à celui de leurs collègues sénégalais.

Faut-il préciser que le prof de gym basique peut devenir alors directeur, concepteur, créateur et gestionnaire de fonds ? Tenté parfois de piquer dans la caisse, il ne sera guère inquiété ; peut-être destitué en mai-juin , il retrouvera son poste et son salaire intégral à la rentrée suivante. Sans rien rembourser. Sans plainte ni procès.

IM

Parlons juste(5)

Droit d’exploitation .
Une affaire intéressante occupe aujourd’hui la paysannerie du Perche. A Dorceau, près de Rémalard, un couple achète une ferme à l’abandon de 76 hectares, dont les terres étaient à louer. Un jeune agriculteur du coin avait obtenu en 2011 l’autorisation d’exploiter les terres. Malencontreusement le préfet s’est trompé et a donné le permis à Mr et Madame X quand ils en ont fait la demande après leur acquisition. La confédération paysanne porte plainte auprès du tribunal administratif : on retire son permis à l’acheteur et on lui indique la date butoir du 30 septembre 2012. Le week end du 29/30 septembre, les propriétaires ensemencent en blé les 76 ha. Une entreprise prestataire de services arrive sur le terrain avec deux énormes charrues et un semoir industriel.

Entre temps le jeune a trouvé une autre terre à exploiter, un autre s’est mis sur les rangs pour avoir ce permis. Comme le blé est semé, il s’est trouvé un autre travail salarié.

Cette histoire pose plusieurs questions : on doit avoir un permis d’exploiter pour le sol, le sous-sol, une ligne aérienne, un bar ou un restaurant. Exploiter, c’est mettre en valeur. On ne va pas mettre des lavandes à Dorceau sous prétexte que ça sent bon : il pleut trop. Les lavandes pourriraient. Il faut donc savoir et le bac professionnel agricole est requis au minimum.

On a aussi le droit de regarder ce qui se passe dans le monde, de constater la flambée du prix des céréales, et du foncier agricole. Mr et Mme X ont déjà quelques centaines d’hectares. Ils vont réaliser une jolie plus value s’ils augmentent leur récoltes en 2013 par cet achat de terres. C’est cela spéculer : regarder, observer et en tirer les conséquences financières. Curieux de constater que ce verbe a la même racine que spectateur ou suspecter. Un suspect, on le regarde particulièrement bien, pour se rappeler son visage, sa silhouette. Spéculer, c’est observer avec son esprit. Sachant que le prix du blé a augmenté de 15% en 2011 et a continué sa fuite en avant en 2012 , Mr et Mme X ont probablement fait une excellente affaire. En revanche, me précise la Confédération paysanne, les gros ont les mêmes droits que les petits et ne peuvent se soustraire à la loi. Ils ne peuvent donc toucher les aides européennes (la PAC) s’ils n’ont pas ce permis. C’est dur pour les « petits », de voir les « gros » accaparer les terres agricoles alors que de nombreux jeunes ne peuvent s’établir faute d’argent….

Cher Monsieur et Madame X, vous avez le droit de louer la moitié de votre acquisition à un jeune qui veut s’installer…vous avez le droit de l‘aider, de le prendre sous votre aile.
Vous avez le droit de respecter la loi. Vous avez aussi le droit de spéculer même si ce n’est pas toujours joli joli.
Mais vs n’avez plus le droit d’entrer sur vos terres avec un engin agricole. Vous risquez une amende de 9OO euros l’hectare. La tonne de blé aujourd’hui coûte 250 euros environ.

Le 2 octobre dernier, les frères Karabatic sont mis en examen pour escroquerie dans le cadre d’un pari truqué sur le match de Cesson-Montpellier le 12 mai dernier. Retour sur les faits de cette affaire.

Le 25 septembre dernier, une affaire éclate sur le site internet de France 3 Languedoc Roussillon. Elle impliquerait 8 joueurs du Montpellier Agglomération Handball dans le cadre d’une mi-temps truquée qui aurait contribué à de forts gains d’argent chez des proches de joueur. C’est du moins ce que révèle la Française des jeux qui aurait enregistré une affluence inhabituelle sur ce match précis.
Quelques jours plus tard, à l’issue de la rencontre contre le PSG, 12 joueurs ont été interpellés par la police. Au final, 5 joueurs de Montpellier (dont les frères Karabatic), 2 d’u autre club et les compagnes des frères Karabatic ont été mis en examen.
Les deux joueurs pointés du doigt serait Luka et Nikola Karabatic. Le premier reconnait avoir ordonné à sa femme de parier sur ce match. Quand à Nikola il nie avoir parié, cependant il avoue sur son compte Facebook que sa femme aurait parié en son âme et conscience car « elle s’y connait dans le championnat » et qu’elle « suit Montpellier depuis 2 ans. En effet, cette thèse est plausible. Rappelons les faits, Cesson, en danger de relégation se devait de gagner, alors que Montpellier était déjà sacré champion. Le scénario était probable, cependant miser 70 000 € requiert plus qu’une simple probabilité mais une certitude.
Quelle naïveté ! Il est facile de retrouver l’identité des parieurs quand de telles sommes sont en jeu. Les frères Karabatic et leurs épouses savent qu’il est interdit de miser sur un match lorsqu’on est un proche d’un des acteurs de ce match. L’autre aspect qui me frappe, c’est celui-ci : pourquoi avoir joué et triché ? La première réponse qui me vient est évidemment d’ordre financier. Elle est compréhensible pour Luka qui a un salaire d’environ 3000€ par mois. Bon moyen pour lui de se remplir les poches. Cette réponse est en revanche bien moins cohérente pour son aîné. Son salaire annuel s’élèverait à 600 000€. Risquer toute sa carrière et son image pour environ deux à trois mois de salaire me parait être un bien mauvais calcul. Pas aussi doué en affaires que sur le terrain, le petit Nikola.

Yohan Havre, terminale ES, 16 ans

Du rêve au cauchemar.

Cher Nikola Karabatic,

J’ai aimé votre parcours. Vous avez d’abord fait rêver toute une ville, Montpellier, qui a misé sur votre image une part importante de sa communication.
Vous avez ensuite fait rêver la France entière avec plusieurs victoires en championnat d’Europe et en championnats du monde.
Récemment vous avez obtenu l’apothéose avec cette deuxième médaille d’or aux J.O. de Londres.

Vous étiez intouchable. Un dieu du stade. Votre belle gueule, votre sourire ravageur étincelaient devant les caméras. La fédération de hand ball avait doublé le nombre de ses adhérents.

Vous touchiez annuellement 350000 euros brut plus 600000 de l’équipementier Asics qui parlait de votre fair play, de la réussite de votre intégration et louait votre parcours en termes très élogieux. C’était donc trop peu ? Vous ambitionniez plus ? Un salaire de footballeur ?

Il y a quelques semaines vous avez été interpellé pour une histoire de paris truqués, avec une douzaine d’autres personnes. Le procureur ne vous a pas ménagé. Vous n’avez rien dit.
Vous avez été mis en examen. Vous avez écrit sur Facebook : « Je n’ai pas joué, ma copine a joué, elle me l’a dit. C’est un cauchemar. »

Voilà pour le passé. Le présent, c’est ce cauchemar qui vous hante et vous obsède. Vous l’avez bien employé, ce mot, au sens propre et au sens figuré. C’est votre présent. Vous allez être déféré devant un juge pour escroquerie. Montpellier perd son champion, son image, les 800 000 euros du rachat de votre transfert qui en a coûté 1.5000.000, rappelons-le. Votre contrat de travail arrivera à sa fin et ne sera pas renouvelé. Votre valeur marchande va dégringoler. Pas très doué en affaires, cher Nikola.

Comment pourrez-vous jamais retrouver votre image, votre sourire, et l’amour de votre pays d’adoption ? Coupable ou pas, condamné ou pas, votre naïveté, que souligne La Canard enchaîné pour ne pas vous enfoncer plus, vous aura perdu. Vous partirez peut-être à l’étranger ; on vous oubliera, certains vous mépriseront.

Parce que vous n’avez pas dit non !

Tout simplement.

Non au jeu, au pari interdit aux joueurs.
Parce que vous avec voulu plus. Quand on est double médaillé olympique, on doit rester intouchable. Moralement.

On doit savoir dire non.

IM

Parlons juste(3)

Un budget d’austérité.

François Rebsamen, interrogé par Public Sénat ce 25 septembre à propos d’un budget « d’austérité » assène à son interlocuteur un vigoureux « Je récuse le terme austérité » en ajoutant : « C’est un budget rigoureux ». Diable !!!

Ils sont drôles, les politiques. Ils sont intelligents, souvent ; ils ont de l’humour, parfois, mais ils utilisent les mots n’importe comment.

L’ennui, c’est que ces deux adjectifs sont synonymes. La rigueur et l’austérité, kif kif ! Derrière ces mots il y a sévérité, privation. On se prive de fonctionnaires, d’augmentation de salaire, de médicaments parce qu’ils ne sont plus remboursés, de vacances aux Maldives. Oh, mon Dieu ! Pas d’océan turquoise cette année ! Au moins ne risquera-t’on pas de tsunami. Ces raisins sont trop verts, disait le renard incapable de sauter pour les atteindre.

Je suis étonnée de voir que, chaque fois que l’on parle de budget, l’opposition crie au scandale, oubliant que 2011 fut une année austère, que 2010 itou… Et encore plus étonnée que le socialiste interrogé omette de rappeler que le précédent quinquennat a augmenté le déficit de 54 Milliards. Quel bond en avant ! Une guerre en Libye, une presque guerre en Côte d’Ivoire et le compte doit y être. A moins que pour la première, sans nous l’avoir dit, le précédent gouvernement se soit fait rembourser par l’ONU…

L’austérité, c’est aussi, nous dit le Robert, la gestion stricte de l’économie d’un pays. Ah bon ! il y a donc des gestions lâches, négligentes, voire relâchées ?

En tout cas, ce matin, Monsieur Rebsamen avait revêtu un costume strict et une cravate négligemment nouée, rayée de vert.

Rien d’austère à la vérité.

Var matin, 18 septembre

Il apparaît qu’une adjointe au maire de la Seyne sur mer a refusé de célébrer un mariage le 6 septembre dernier au motif que la femme portait le voile.

Encore une qui ne connait pas la différence entre le verbe voiler qui veut dire cacher dans tous les dictionnaires de référence et un autre qui n’existe pas et qu’il serait peut-être judicieux de créer tant que les officiers d’état-civil commettront des impairs aussi étonnants que, disons le mot, ridicules. On pourrait proposer foularder ou enfoularder(comme endiamanter).

Plus simplement, la jeune femme portait un foulard.

L’avocat de cette jeune femme dit que son foulard cachait ses cheveux et laissait libre et apparent son visage.

Donc elle n’était pas voilée et ne tombait en aucun cas sous le coup de la loi qui concerne, rappelons-le, les femmes intégralement voilées, d’une burka afghane ou d’un niqab, sur la voie publique.

Donc on la reconnait, elle a une pièce d’identité et la photo correspond.

C’est clair.

La jeune femme qui voulait se marier a donc été discriminée. On peut être discriminée juste parce qu’on emploie un mot à la place d’une autre.

l’adjointe au maire à commis – à mon humble avis de linguiste – un abus de pouvoir, car elle a mis au premier plan sa vision de la laïcité, ce que , de toute évidence, elle ne doit pas faire. La jeune femme est musulmane, elle se couvre les cheveux, symbole sexuel ds les trois religions abrahamaniques , car les juives se couvrent également les cheveux à la synagogue et les catholiques, il y a cinquante ans aussi, quand elle entraient dans une église. Est-il besoin de rappeler que c’est pour elles qu’a été créé le fameux carré Hermès ?

Allez, Madame l’adjointe, voilez-vous la face, partez en vacances et mettez les voiles.

IM

Ps. A propos, la laïcité, qu’est-ce que c’est ? Il faudrait peut-être un jour revenir aux fondamentaux.

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Parlons juste(2)
Cher Vincent Peillon,

Vous êtes philosophe, comme Luc Ferry, qui vous a précédé à la tête de la plus grosse entreprise de France. La philosophie, avons-nous appris en terminale, c’est l’amour de la sagesse. C’est aussi et surtout, la réflexion dans l’action. Alors, par pitié, laissez la communication – bien souvent l’art de la désinformation et du clairon – à vos prédécesseurs, et agissez. Quant aux futurs cours de « morale laïque », apprise et notée, voyez avec quelques conseillers et surtout, qq professeurs de philo ou d’histoire ce qu’ils en pensent. J’imagine déjà un cours d’une heure par semaine, avec interro écrite et annotation trimestrielle….

Il n’y a pas de morale religieuse ou laïque. Il y a la morale, science du bien et du mal, nous dit le Robert, ce que l’on doit faire et ne pas faire, ce qui est bien et ce qui ne l’est pas. Ecoutez plutôt : « Cet achat de nègres, pour les réduire en esclavage, est un négoce qui viole la religion, la morale, les lois naturelles et tous les droits de la nature humaine » ( Jaucourt, article Traite des Nègres, in Encyclopédie, 1751-1772). Il est bon de dire la vérité, de donner, d’être généreux, de partager, il n’est pas bon d’être égoïste, de ne penser qu’à l’argent, de l’ériger en valeur suprême. L’aumône obligatoire chez les Musulmans, de préférence le vendredi, me semble une excellente chose. Elle est un des cinq piliers de l’Islam et apprend aux Musulmans à donner et à partager. Si l’on peut parler de morale stoïcienne, chrétienne ou épicurienne, Il n’y a qu’une science du bien et du mal.
Normalement, ce sont aux parents d’inculquent la morale à leurs enfants. Et puis l’école a pris le relais car bien des parents baissaient – baissent ? – les bras. L’intrusion des écrans multiples a enfermé beaucoup d’enfants et d’adolescents – et d’adultes également, soyons clairs – dans des bulles bien compactes dont il est difficile de les extraire.

Une fois de plus, cher Vincent Peillon, j’ai digressé ( néologisme !). Je dois donc conclure. Il n’y a pas de morale laïque, bien qu’il existe des morales un peu différenciées. Celui qui nous l’a le mieux expliqué, c’est ce bon Monsieur de la Fontaine qui appelait cela «  moralité ». Je préfère pour ma part « leçon(s) de vie ». Et je pense qu’on doit toujours s’y référer. A tout âge.

La raison du plus fort est toujours la meilleure.

IM

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