Les 25 ans du FIPA frappés au coin de la diversité

« 25 ans est un  bel âge où l’on déborde d’énergie et d’idées, et le FIPA est bien dans cet état d’esprit ». Avec ces mots Oliver Mille, le président du Festival International des Programmes Audiovisuels, a salué ce festival qui s’est clôturé le samedi 28 janvier. Durant sept jours les professionnels du secteur, le grand public de la ville de Biarritz, étudiants et scolaires ont découvert le meilleur de  la production audiovisuelle mondiale.

Teresa Cavina, déléguée générale du FIPA, a salué l’éclectisme, la richesse de la programmation et la qualité des rencontres qui ont marqué ce festival composé de 131 programmes. Il serait fastidieux de donner la liste exhaustive  des 21 prix  liés aux  diverses  catégories en compétition. Nous avons plutôt choisi les productions aptes à stimuler le débat. De la sorte  nous nous pencherons  également sur  des œuvres qui n’ont pas eu la chance de remporter un prix officiel mais qui méritent néanmoins notre attention.

Les prix

Dans la catégorie « fictions unitaires », le jury, présidé par la réalisatrice française Nina Companeez, a décerné  le FIPA d’or au « Cinq parties du monde » du réalisateur Gérard Mordillat. Cette coproduction Arte-France évoque un vieux rituel de marins que deux officiers veulent empêcher. En recevant le prix, le cinéaste  a voulu défendre la fiction télévisuelle souvent  accusé de banalité ou pire de vulgarité : « Seules les œuvres comptent » a-t-il dit en citant un cinéaste avec lequel  Mordillat  avait fait ses classes : un certain Rossellini.

Le FIPA d’argent de la même catégorie est allé à « Entre Nosotros » de Paloma Aguilera Valdebenita. C’est l’histoire d’une famille de réfugiés chiliens en Hollande qui se réunit à Amsterdam à l’occasion d’une fête d’adieu pour l’un des leurs qui décide de rentrer au Chili. Il s’agit là d’une belle reconnaissance à l’égard d’une métissé chilienne et hollandaise qui marquent bien  la présence des femmes  dans ce genre  à l’instar de  Sderot, de la franco-camerounaise Osvalde Lewat, de Taxi Sisters de l’afro-suédoise Teresa Traore Dahlberg. Et ce regard métissé fait la différence.

Le FIPA pour la meilleure interprétation féminine est allé à Silke Bodenbender pour son rôle dans « Vater, Mutter, Mörder » film allemand sur un tragique triple homicide. La meilleure interprétation masculine est allée à Léo Paul Salmain pour le rôle de Guy Moquet dans « La Mer à l’aube » de Volker Schlöndorff. Ce film qui revisite l’un des épisodes les plus tragique de l’occupation, évite les pièges d’une germanophobie facile en soulignant les problèmes de conscience des officiers  de la Wehrmacht  coincés  le respect des  valeurs humaines et  l’honneur militaire et les ordres nazis.

Le FIPA du meilleur scénario dans cette section Fiction Unitaires a &té décerné à Jean-Xavier Lestrade et Antoine Lacombez pour « La Disparition » et le jeune talent musical français Thomas Enhco a remporté  le FIPA de la meilleure musique originale (Les Cinq Parties du Monde).

Dans la catégorie des Séries, le jury, présidé par le réalisateur italien Giacomo Battiato,  a décidé de donner le FIPA d’or à « Kaboul Kitchen » des réalisateurs Fréderic Berthe, Jean-Patick Benes et Allan Mauduit. Ce film souligne deux aspects fort différents de la présence civile de l’Occident en Afghanistan : l’argent facile des opérations humanitaires et l’ironie du peuple afghan qui n’est pas dupe. Les trois réalisateurs de Kaboul Kitchen ont également gagné le FIPA du meilleur scénario de cette catégorie des Séries.

Le FIPA d’argent est allé à « Operation Jaque » de l’espagnole Silvia Quer Sabaté. Le film raconte l’histoire de l’opération militaire de l’armée colombienne qu’a sauvé Ingrid Betancourt de ses geôliers des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie. Le film tente  de rester fidèle  aux  événements sur le terrain tels qu’ils ont été divulgués par les forces armées colombiennes, mais cette attachement à une source unique entraîne  le film  vers un  machiavélisme prévisible : les bons  services secrets et les méchants guérilleros. La réalité est plus complexe et l’on saurait réduire  à ce binôme caricatural le plus ancien conflit armé des Amériques comme aussi les relations personnelles et humaines qui ont pu se tisser entre les rebelles armés et leurs otages.

La meilleure interprétation féminine est allée à Nathalie Baye pour le rôle d’Anne Visage dans « Les Hommes de l’ombre » du réalisateur Fréderic Tellier. Le film raconte l’histoire d’un conseille

Gérard Mordillat primé au 25 ans du FIPA

ur en communication dont le génie tactique  en fait  un atout indispensable pour tout candidat à la présidence. Le film possède la vertu de souligner certains des aspects sordides des campagnes électorales mais aussi le vice de réduire l’intrigue  dans une opposition frontale entre la « vieille » éthique républicaine et l’ambition dévorante des jeunes loups prêts à tout. Miroir fidèle d’une époque où une classe manipulatrice et perverse, cherche par tous les moyens à rester au pouvoir . « Les Hommes de l’ombre » que Tellier nous présente reflète bien ces experts en communications devenus le pendant postmoderne de ce qu’on appelait jadis le second état, le haut clergé dont la fonction politique était de contrôler le peuple au bénéfice de l’aristocratie. En d’autres mots, les hommes de l’ombre de l’ère postmoderne, comme les hommes en soutane de  l’Ancien régime, manipulent le langage et l’image au service des puissants. Un film, digne fils de son temps.

La meilleure interprétation masculine est allée à Richy Müller pour le rôle d’Alfred Walch dans « Vermisst » et le FIPA de la meilleure musique originale de la catégorie est allé aux scandinaves Patrick Andren, Uno Helmersson et Johan Söderqvist pour le film « Bron » le pont, un film policier marqué par l’humour noir d’Europe du nord.

Dans la prochaine chronique les gagnants de la catégorie Documentaires de création et Grands reportages.

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