Saint – Sébastien : Costa Gavras décrypte le Capital

« L’argent est un chien qui n’a pas besoin de caresses » dit un personnage du Capital,  le dernier film du maître Costa Gavras, un œuvre inspiré du livre de Stéphane Osmon qui porte le fer  dans la plaie suppurante des finances. La fulgurante carrière d’un banquier surfant  sur la dérive morale de la spéculation est mise en scène, écho  familier à notre brûlante actualité. Parce que Le Capital doit être vu et revu par le grand public,  nous nous limiterons à dire qu’il s’agit d’un film de suspense. Sur les personnages nous soulignons ce qu’a expliqué son réalisateur : « Ils ne sont pas des simples gangsters, et c’est ça le drame, je voulais montrer un personnage humain, pour rendre plus inadmissibles sa conduite et ses choix ». Marc Tourneuil, le personnage principal interprété de façon magistrale par Gal Elmaleh, très à l’aise dans ce genre de film, lui que le public français  a plutôt l’habitude de voir dans la peau d’un  « stand up  comic », a, parfois même mauvaise conscience m^me s’il  continue à jouer le jeu.

Le Capital est sans aucun doute un film « politique », digne de la courageuse lignée à laquelle le « maestro » grec nous a habitués depuis des décennies déjà. Mais comme l’a affirmé sans mâcher ses mots Costa Gavras lui-même en conférence de presse « tout film est politique, même ceux qui prétendent ne pas l’être parce qu’un film imbécile… « imbécilise ».  Et « dans la politique il y a les sentiments, les relations sociales, le sexe, bref tout le roman humain » de renchérir Stéphane Osmon, l’auteur du livre qui a inspiré ce film.

Pari gagné pour le cinéaste et l’ancien trader repenti  si l’on en juge  par  la conférence de presse qui s’est transformée  en débat politique.  Formons le vœu qu’il puisse  susciter autant de passions  et de discussions lors de sa prochaine  sortie.

FireFox :  détruire , dit-elle

Du monde des finances à l’Etat de New York non  loin de la frontière canadienne, du monde d’aujourd’hui aux années 50, de Costa Gavras à Laurent Cantet,  nous demeurons dans le même registre : la révolte.

Foxfire, son dernier opus est  interprété par un groupe d’actrices canadiennes parmi  lesquelles brillent Madeleine Bisson et Katie Coseni,   et raconte l’histoire d’une société secrète d’adolescentes unies par un même  élan où se mêlent  féminisme  et cryptocommunisme. Ces jeunes filles se vengent contre ceux qui les humilient et les abusent à l’école et dans les familles, fondent une commune  où finalement deux d’entre elles franchiront  le pas dans l’illégalité. Foxfire qui porte  le nom de cette société secrète est en fait un film d’époque, peut être parfois nostalgique à l’égard d’un monde où les jeunes semblaient plus libres qu’aujourd’hui, mais qui nous renvoie à des thématiques de fond d’actualité.

« Je voulais filmer l’adolescence » a expliqué Cantet, « un moment d’utopie pour construire une société idéale, et raconter son échec et sa dérive ».  Le groupe se défait, les filles s’intègrent dans la société qu’elles avaient contestées, mais quelque chose reste de cet esprit de révolte dans une photo de journal venant de la Sierra Maestra où on perçoit une femme que les filles identifient comme Legs, la chef de l’ancien sororité à coté des barbus de Fidel Castro.

On ne saura jamais s’il s’agît de la même femme, expliquent les protagonistes du film, mais la question est autre : même si bien rangées les anciennes rebelles veulent voir l’une des leurs dans la révolution cubaine pour se dire que leur histoire collective continue à bruler comme une flamme quelque part.

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