Quelles places pour les étrangers dans la représentation politique française ?

IMG_1615« Comment consolider le vivre pluriel dans le respect de nos différences ici et en Europe ?Comment s’enrichir mutuellement de nos pratiques ».Telles étaient les questions abordées lors du Forum Identités plurielles : un pari(s) européen, organisé par l’association Afriques et Nouvelles Interdépendances (ANI) à Paris le 23 mai dernier et auquel a assisté l’Observatoire de la diversité culturelle. Six ateliers ont été organisés avec des acteurs de la vie politique, des responsables associatifs ou des universitaires afin de stimuler une réflexion collective.

Ces interrogations sont au cœur des réflexions de l’ODC qui a assisté à l’atelier dédié à la place donnée aux étrangers dans la vie politique locale (question du droit de vote, par exemple. Cependant Adda Bekkouche, docteur d’État en droit international et Professeur à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, a surtout mis évidence la distinction fondamentale entre les Français d’origine européennes et non européennes et montre que les conditions sociales modestes des étrangers implique des conditions politiques inférieures, même si les conditions juridiques sont identiques.

Gérard Moreau, ex-directeur des populations d’immigration, a proposé pour sa part une distinction fondamentale entre citoyenneté et nationalité. Un étranger résidant en France dispose de droits et de devoirs, par exemple : liberté de syndiquer, de participer aux élections prudhommiales, liberté d’association, paiement de l’impôt. Ces droits et devoirs font de lui un citoyen à part entière, mais un citoyen qui se distingue par son statut qui ne lui octroie pas la nationalité. D’ailleurs, l’un des droits des citoyens non nationaux est celui d’accéder, sous condition, à la nationalité. La nationalité, en revanche, donne un droit très fort : celui de participer aux élections dites « politiques », locales ou nationales. Dans beaucoup de pays européens, les étrangers résidents disposent de droits leur permettant de participer aux élections locales. Cette question est politique, nécessitant une modification de la Constitution qui ne peut être effectuée que par référendum ou par une majorité des trois cinquième des parlementaires réunis en Congrès. Les statistiques montrent que cette majorité ne peut pas être atteinte actuellement, l’opinion public n’y étant pas encore prête.

Pierre Henry, titre, enfin démontre que cette frilosité publique trouve sa source dans les discours populistes. Stigmatisant les étrangers, cette question du droit de vote des étrangers est si sensible dans notre pays qu’il empêche toute évolution. Ces discours sont basés sur de nombreux préjugés, dont un des plus flagrants est l’importance donnée aux migrations, alors qu’elle reste un phénomène assez exceptionnelle. Pierre Henry nous affirme ainsi que le monde, malgré la multiplication des flux de voyageurs, restent sédentaire. Seule 3% de la population mondiale est migrante.

Ce Forum a-t-il fait avancer la réflexion sur les identités plurielles et le multiculturalisme ? Ce sont des questions brûlantes sur la scène publique au moment où le replis identitaire d’une frange de la population française s’affirme de plus en plus. Ce Forum, passionnant à bien des points, à le grande mérite de placer sur la place publique ces problématiques fondamentales. Car le combat pour le multiculturalisme n’est pas finit, c’est une lutte incessante qui se fait au jour le jour. C’est aussi notre combat à l’ODC, qui remercie l’ANI d’avoir organisé ce forum.

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