Parlons juste : Lampedusa

Depuis le 3 octobre dernier, avec des trémolos dans la voix, et quelques larmes de crocodile, journalistes et politiques comptent les morts de Lampedusa et de Malte. Rappelons que la petite île italienne est plus proche de la Tunisie (167 km) que de la Sicile (205 km). Quant à la distance qui la sépare de Malte, selon qu’on vole ou qu’on navigue, les chiffres hésitent entre 174 km et 220 km. Depuis 1994 on compte 6385 morts en Méditerranée sans compter les disparus dont le nombre est estimé à une vingtaine de mille. Pour ce qui est du dernier naufrage, on en est à 339 corps repêchés à ce jour. Le président de l’Union européenne a attendu presque une semaine pour se déplacer. On peut se demander si, cette fois-ci, c’est l’Europe qui a payé les beaux cercueils que l’on a pu compter et recompter tous ces jours derniers en regardant le petit écran. (l’Europe a promis 2 millions d’euros supplémentaires à l’Italie). 

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L’émotion, c’est inutile, et absolument hors de propos. L’émotion fait partie de l’individuel, du privé. L’espace Schengen a engendré cet état de fait. Ce sont les politiques européennes qui ont entraîné ces milliers de morts violentes. Les visas sont systématiquement refusés aux milliers de Syriens qui veulent fuir la guerre civile et s’installer en Europe. Et pourtant ! Il est aisé de comprendre que ceux qui veulent quitter leur pays y sont contraints et que leur demande de droit d’asile repose sur du concret, j’entends sur des armes chimiques répandues le 23 août, preuves à l’appui. Historiquement, le droit d’asile offre un lieu inviolable à ceux qui viennent s’y réfugier. Aujourd’hui on lui a adjoint l’ adjectif politique pour permettre à ceux qui sont poursuivis pour leurs opinions dans leur pays de trouver un refuge dans un autre pays qui deviendra alors pays d’asile.

Il n’est pas très difficile aux 28 pays européens de se réunir et de proposer chacun un nombre d’immigrés prêts à être accueillis. A l’exception de la Grèce et de l‘Italie dont les côtes sont trop proches de la Turquie et de la Tunisie. Je veux dire par là que depuis qu’ils sont dans l’espace Schengen, ils ont donné. Malte et Chypre aussi. La Bulgarie qui va intégrer dans quelques mois l’espace Schengen , aussi.

Et la Suède ? Les pays du Nord ? l’Allemagne ? Les pays baltes ? la Pologne ? Oui, ils sont loin de la Méditerranée, des Érythréens, etc. etc. et ne veulent en aucun cas modifier les règles européennes sur le droit d’asile. Suède, Danemark, Finlande, ce sont de faibles populations qui pourraient accueillir des immigrés. La Pologne (Libération) a reçu 1600 clandestins en 2012, Lampedusa et Malte 10380 en 2012 et 31500 de janvier à septembre 2013.

Les Canaries n’ont reçu que 170 entrées en 2012 (Sénégalais et Mauritaniens) ; les accords bilatéraux permettent le renvoi immédiat dans le pays d’origine.

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