Parlons juste : « je mens, moi non plus ! »

Qui n’a pas menti ? Lorsqu’on un personnage public, la tentation est de considérer le mensonge comme un mode de gestion ; ce qui vient mettre à mal à la longue  le langage de vérité qui doit présider à la gestion de la chose publique. Lincoln ne disait-il pas  que si on peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, on ne peut pas en revanche tromper tout le peuple tout le temps.

Ces jours-ci nous avons eu droit à un exemple  croustillant sur quelques plateaux télé où apparaissait un ex-ministre, ex-secrétaire général de l’Elysée qui essayait de vendre des tableaux hollandais vieux de quelques siècles (non, pas des Rembrandt!) à des journalistes qui savaient mieux que lui faire des recherches sur le Web. Ajoutez à cela de curieux frais d’enquêtes qui se retrouvaient sur le compte personnel de ce monsieur. Non, Clo-clo, tu fais passer un communiqué de presse, tu ne vas pas expliquer tes petites histoires le même jour sur six ou sept plateaux au risque de te recouper, de te contredire et de t’emmêler les pinceaux, ce qui est le meilleur moyen pour que personne ne te croie.

De toute manière,  les Français sont intimement convaincus que la Libye a filé du blé pour la campagne de ton patron en 2007.

Rappelle-toi, Cecilia qui part pour Tripoli juste après la présidentielle pour ramener en France les infirmières bulgares et le médecin palestinien otages du président Khadafi. Et puis, quelques mois après, installation de la tente bédouine dans les jardins Marigny. Et hop ! Un bond de quelques années, 2011, printemps arabe. Le fils aîné, Saïd El Islam qui parle à voix très haute et très aiguë de l’argent de la campagne de 2007 et menace le président français, lequel nie, évidemment, avec la meilleure bonne foi du monde.

Mentir, c’est dire ce qui n’est pas vrai pour tromper l’autre.

C’est nier un fait même s’il est avéré. Nier le plus fort possible avec le plus d’arguments possibles. Arguments spécieux ou niaiseux, voire absurdes, comme ceux qu’utilise Montesquieu dans son très beau texte sur l’Esclavage des nègres de 1748 : comment imaginer « que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps si noir… » ?

Pourquoi ment-on les yeux dans les yeux ? Pourquoi s’enferre-t-on dans le mensonge ? Parce qu’on est convaincu que tout le monde va le gober. Mensonge vient du latin mens, mentis, l’intelligence. Le menteur est intelligent ; le mensonge est une preuve d’intelligence. La mesure de l’intelligence ? L’aptitude à tromper l’adversaire.

On ment également pour mieux voler, pour s’enrichir, pour augmenter son pouvoir. Voler est une interdiction religieuse – tu ne prendras pas le bien d’autrui – mais on ne parle pas de mensonge dans la Bible, ni dans le Coran d’ailleurs. Car le mensonge, s’il est cru, s’il réussit, peut entraîner des vols de plus en plus importants (600.000 euros… quinze millions d’euros… ).

Aujourd’hui, le mensonge ne concerne plus la morale : un menteur qui se fait prendre est un idiot ; un menteur qui réussit emporte l’adhésion de tous.

Roseline Bachelot, pour expliquer les hésitations de Clo-clo, conclut sa chronique sur D8 par « c’est un menteur … ou un voleur ». Vous avez la mémoire courte, chère ex-ministre de la santé. Je ne vais pas refaire l’histoire de la campagne de vaccination contre le virus H1N1 mais je me rappelle fort bien la phrase que vous avez prononcée au sujet des 95 millions de doses « commandées mais non payées ». Vous avez omis de dire ensuite que les frais de résiliation s’élevaient à 48 millions d’euros… A bon entendeur. Salut !

 

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