Festival de cinéma Saint-Sébastien : Chevaux d’Islande, crimes du Brésil et paternité japonaise

 

Le Herida prix du jury à droite Marian Alvarez meilleure actrice

Le Herida prix du jury à droite Marian Alvarez meilleure actrice

Avant de venir aux autres films qui ont remporté  des prix prestigieux au Festival du cinéma de-Sébastien cette année, rappelons que les classiques « prix à la carrière artistique » ont été obtenus par l’australien Hugh  Jackman, le fameux Lobezno dans la saga X-men et par la vétérane actrice espagnole Carmen Maura, dont la carrière est marquée par plus de 100 titres de film. Signalons que Maura et Jackman étaient aussi présents à Saint-Sébastien pour présenter des films dont on reparlera dans une prochaine chronique.

Le prix dans la section des « nouveaux réalisateurs » a été gagné par l’islandais Benedict Erlingsson auteur de « Hross i Oss » (Horses and Men), ou « chevaux et hommes », un conte sur l’emprunte qui laissent les hommes sur les chevaux et vice-versa. Le réalisateur, un acteur de théâtre dans son pays natal a reconnu avoir choisi une piste difficile pour son premier long métrage : « tourner avec des chevaux n’est pas très facile, mais pour me mettre dans une histoire j’ai besoin de sentir de la passion ». Et en effet, on sent tout au long du film la passion pour les chevaux de la part de son réalisateur. M. Erlingsson a souligné l’importance du prix en disant que Saint-Sébastien reste fidèle au principe que « dans les festivals de cinéma le talent et l’originalité devraient gagner la mise sur l’argent et les grands moyens ».

 Nouveaux Horizons

Le film brésilien « O lobo atras de porta », ou le loup derrière la porte a obtenu la distinction dans la section « Nouveaux horizons ». Le réalisateur Fernando Coimbra a expliqué avoir été touché par un fait divers de chronique policière dans lequel étaient impliqué l’amante du père et le père même de la victime.  Le résultat est un thriller policier ou tension et suspense ne lâchent pas le spectateur pendant toute la narration. La vérité autour de l’assassinat d’un enfant émerge en partant des déclarations faites de la part des personnes impliquées au commissariat de police d’une grande ville brésilienne.

Le réalisateur a reconnu avoir un intérêt pour le côté obscur de l’âme humaine : « nous avons tous derrière nos portes un loup qui peut entrer et sortir facilement à chaque instant, l’important est de se confronter à ces événements qui sont tachés par la presse comme ‘inhumains’ et d’essayer de comprendre pourquoi un être humain en peut en arriver là ».

Le prix du public a été remporté par le film japonais « Like Father Like Son » ou tel père tel fils réalisé » par Hirokazu Kore-Eda, une réflexion pleine d’émotion sur le procès d’apprentissage que suppose la paternité. Le film déjà ovationné à Cannes raconte l’odyssée émotionnelle de deux familles victimes d’un échange de bébés à la naissance et qui doivent choisir entre l’enfant naturel et le petit avec qui elles ont vécu pendant 6 ans. Sans dévoiler l’histoire de ce film qui mérite absolument d’être vu, nous nous limiterons à souligner la force d’un conflit entre profondes émotions assaillies par des doutes.
L’une des choses qui caractérise le festival du cinéma de Saint-Sébastien est une capacité de regarder au grand monde au-delà des Pyrénées et des océans sans pour autant oublier son terroir, son héritage et les enjeux qui en surgissent. C’est pourquoi nous terminons ce regard aux films gagnants avec le prix au cinéma basque.

Comment on devient terroriste

Le jury de cette 61ème édition du festival a couronné un film appelé Asier ETA biok, ou Asier et moi. Réalisé par les frères Aitor et Amaia Merino, le film essaye de répondre  à une question qui a marqué la vie d’adulte d’Aitor Merino : « un jour Asier, mon meilleur ami d’enfance a disparu. Il avait intégré la lutte armée de l’ETA ; comment pouvais-je expliquer ce que l’avait poussé à prendre une décision que je n’arrivais pas à comprendre moi-même ? » Inutile de dire que le film a déjà semé un peu de controverse en Espagne. « Il s’agit d’un film douloureux pour beaucoup de personnes » a reconnu Aitor Merino « mais aussi nécessaire pour d’autres personnes et surtout un film qui veut faire un effort dans le sens de la reconnaissance de la douleur de tous ». En effet, dans cette nouvelle conjoncture politique marquée par l’abandon des armes par ETA et un processus de paix qui n’arrive pas encore à prendre l’envol, ce film est un courageux geste en faveur de la paix. Et la paix est un combat où parfois participe le cinéma.

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