Qu’est-ce qu’un otage ?

« Otage » est l’un des mots le plus galvaudé de la langue française. Explication

En avril dernier, un otage, Pierre Borghi, photographe, est revenu d’Afghanistan. Il ‘a pas été libéré par ses ravisseurs qui, bien au contraire devaient le tuer après avoir compris qu’ils n’obtiendraient rien du gouvernement français. Il est resté au secret pendant 131 jours dont deux mois dans un trou infâme avec un bidon d’huile vide pour se soulager et des chaînes aux bras et aux pieds : « J’ai marché neuf heures d’affilée… » dit-il dans le Supplément de Canal +. Il aboutit à un poste de police qui l’expédie à Kaboul et à l’ambassade de France . François Hollande, pour ce coup-là, a réussi son pari. Ne pas verser de rançon aux ravisseurs.

De même, les sept personnes enlevées au nord Cameroun le 19 janvier par le groupe Boko Haram ont pu retrouver la liberté grâce à la coopération France-Nigéria-Cameroun, et, probablement, à la libération de quelques prisonniers.
Quel est, quel était le statut de Pierre Borghi ?
Otage, quand il a été enlevé en plein Kaboul et jeté dans un coffre de voiture ? Prisonnier évadé le 7 avril ? Qu’est-ce qu’un otage ? Un garant : on veut un million d’euros et on garde la personne jusqu’à ce que l’argent soit payé. Un ressortissant européen rapporte beaucoup d’argent aux groupes idéologico-politico-religieux de certains pays du sud ou du Moyen-Orient. Un ou une journaliste encore plus. D’où multiplication des enlèvements de ressortissants européens et particulièrement de Français. En effet, le Royaume-Uni ne négocie jamais et les Etats-Unis, mal. Rappelez-vous l’assassinat de Daniel Pearl à Karachi en 2002. Un otage est un moyen de pression et les rares vidéos distillées par les preneurs d’otages renforcent cette pression.

Les milliers de personnes qui attendent le métro ou le RER les jours de grève ne sont pas des otages. La mort ne les attend pas au tournant. Une grève n’est pas une guerre. L’emploi métaphorique et hyperbolique de ce terme est inapproprié en cas de grève, sauf en cas de séquestration – et encore !

Si vous n’êtes pas d’accord avec cette assertion, vous pouvez lire le témoignage de Chesneau/Malbrunot, otages en Irak, ou celui de Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier , otages en Afghanistan pendant 18 mois de fin 2009 à 2011. A l’issue de cette lecture, vous n’emploierez ce terme qu’à bon escient.

IM

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