Les Migrants: des témoins contre l’oubli

« Nous ne voulons pas que l’on oublie tous ces hommes et femmes, quelles que soient leur nationalité, leur origine, leur statut. Nous ne voulons pas que cette mémoire tombe dans l’oubli ». La dernière phrase de l’album Les migrants , un parcours francilien publié au printemps 2012 par l’association « Paroles d’Hommes et de femmes » l’illustre éloquemment.

Cette bande dessinée constitue le 2e tome d’une publication qui s’inscrit dans un projet plus large intitulé « cent cent témoins pour cent lycées », qui consiste à faire témoigner les migrants d’au moins trois générations auprès des lycéens français.

A travers les six parcours proposés, celui du laotien Chansamone Voravang est sans doute la plus marquant. Orphelin dès six ans, le le jeune Voravang devient sous-officier dès l’âge de seize ans et fait la guerre d’Indochine. Mais très vite, il en en ressent l’horreur et choisit plutôt de poursuivre ses études qui le conduiront en France. Revenu au Laos, il devient le directeur national du service géographique. La menace des khmers rouge l’incite à diriger la voix de la jeunesse, un parti prônant la réconciliation nationale. Ce qui lui causera par la suite bien des ennuis. Emprisonné par les khmers rouges dans un camps de travail, il en sortira que six ans plus tard et sera obligé de quitter son pays. Il poursuivra son combat depuis la France pour son pays à travers une association.

Il en est allé de même pour la polonaise Danuta qui vit enfant les affres de la seconde guerre mondiale et la destruction complète de sa ville natale : Varsovie. Le Sénégalais Gongo , la malgache Chantal, l’iranienne Chakameh et le marocain Mohamed ont eu un itinéraire moins tragique et donc plus marqué par l’immigration que l’exil. Leurs témoignages ont été rapportés par F. Brethes et Frédéric Praud, l’instigateur du projet.

Les dessins sont également très évocateurs. Les deux dessinateurs Kiel et Borsali adoptent des styles différents qui font vivre l’histoire de manière singulière. Le premier insiste surtout sur les ombres et les flous, en suivant plutôt le modèle du manga. Le second en revanche opte pour un dessin plus net et plus réaliste, se rapprochant de la BD classique.

Cependant ces histoires mettent toutes le doigt sur la différence capitale que constitue l’individualisme généralisé de notre culture. Quelle est la place de la solidarité dans la société contemporaine? Quelle importance joue la culture dans l’exercice du lien social? Dès lors on voit également la richesse qu’apporte l’émigration, une richesse culturelle inépuisable, qui fait de la diversité une notion déterminante dans les rapports humains

Fayçal Chaouche

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