En attendant que les volcans fassent leur travail…

Pierre-Anatole Jordan

Décidement, c’est la saison du cinéma sur la côte basque. Si la ville basque espagnole de Saint Sébastien a depuis le 21 septembre lancé sa 54ième édition du festival international du cinéma, sa ville sœur basque française de Biarritz a lancé le quinzième Festival du Cinéma et des Cultures d’Amérique latine,

C’est une kermesse de film, de conférences et de tables rondes sur les cousins latins d’outre-Atlantique qui se terminera le 1er octobre. Si l’année passé les mots clé étaient continuité et innovation, cette année d’après Pierre-Henri Arnstam, président du festival « deux mots s’imposent : confirmation et amplification ». En effet, si l’on considère toutes les sections confondues qui vont des rétrospectives à la compétition officielle en passant par les courts-métrages, on compte plus d’une trentaine de réalisateurs qui ont confirmé leur présence dans la ville du Labourd (le nom basque de l’ancienne province où se trouve Biarritz).

Avant même de présenter les films, il faut regretter que Biarritz ait commencé ses activités avant même que Saint-Sébastien ne termine les siennes. Ce qui implique des chevauchements de programmes parfois difficiles à gérer.

Le premier film en compétition officielle a été le mexicain En el hoyo, dans le trou, un documentaire qui constitue un regard sur les transformations dans la jungle urbaine de Mexico, et les effets sur la vie quotidienne de quelques uns de ses 20 millions d’habitants. Juan Carlos Ruffo, réalisateur du film s’est dit honoré de pouvoir ouvrir avec son film « un festival de taille humaine comme Biarritz ». El hoyo, avec les voix d’ouvriers d’un chantier d’un périphérique de la ville, est le premier documentaire à avoir été diffusé commercialement au Mexique.

Así de simple, si simple que ça, est un film indépendant de la cubaine Carolina Nicola. Un film qui se confronte avec l’envie de partir de l’île. « Presque tout le monde à Cuba à un moment ou à un autre s’est confronté avec la décision de partir (aux Etats-Unis) ou rester sur l’île » a expliqué la réalisatrice. Le film tourne au tour d’un jeune pour qui le fait de laisser son île, sa mère et sa copine et joindre son père en Floride est une véritable crise existentielle. Les personnages principaaux sont des voix qui parlent au protagoniste. Le père absent représente l’attrait de l’émigration, la fiancée qui décide de rester pour travailler dans le tourisme indique l’espoir de plusieurs cubains dans les investissements et joint-ventures touristiques qui se sont implantés à Cuba ces dernières décennies. Mais la voix la plus importante est celle de la mère, qui sans cacher les problèmes qui existent, essaie de mettre en lumière les acquis positifs de la révolution castriste. « Tout ce qui brille n’est as de l’or, lui ditelle en substance. La référence indirecte aux États-Unis est claire. Ce sera la mère qui partira consigner au fils l’enveloppe avec le visa pour expatrier dedans, mais elle ne peut pas ne pas se répéter que « la troisième dimension n’existe pas : les Cubains de là-bas (lire Miami) sont contre ceux d’ici (La Havane), ceux d’ici lui en veulent à ceux de là-bas » et apparemment on n y peut rien. Un film sincère sans rage ni extrémismes qui présente le portrait d’une île fatiguée, mais avec une grande envie de vivre.

Cuando me toqué a mi, quand ce sera mon tour est le second film du réalisateur Victor Arregui originaire d’Equateur, un pays où ont étés produits une douzaine de long métrages dans toute son histoire. Les cadavres se succèdent devant Arturo Fernández, médecin légiste, chargé des autopsies dans un hôpital de Quito, la capitale du pays. Le film raconte les hasards qui ont fait que ces personnes sont mortes et devant leurs cadavres le protagoniste réfléchit sur la vie, son pays et sa ville Quito. En attendant que les volcans(dans les Andes au tour de la ville) fassent bien leur travail et le fassent… vite ». C’est ne pas la seule phrase qui reste dans la mémoire, en voici une autre qui synthétise bien le pessimisme du bon docteur : « avec tout ce qu’ils voient et savent, si les policiers de Quito savaient écrire ils seraient les intellectuels de la ville »…

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