Peaky Blinders est le nom d’un clan de gangsters britanniques après la Grand Guerre. C’est aussi le film qui a remporté le prix des meilleures interprétations masculine (Cillian Murphy) et féminine (HelenMcCrory) ainsi que le prix de la meilleure musique originale. En d’autres mots, Peaky Blinders réalisé par le britannique Otto Bathurst est le grand gagnant de la section Séries de cette 27e édition du Festival International des Programmes Audiovisuels. Certes la musique est prenante et les deux interprétations sont remarquables ; mais il y a quelque chose qui cloche. Le corps et le contexte de l’histoire sont trop britanniquealors que le regard est trop clairement américain. En supposant de façon purement hypothétique que le climat de révolte sociale dans l’Angleterre d’après la grande guerre puissse compare peut être à l’époque glorieuse des wobblies, les syndicats anarchistes des EtatsUnis, et qu’il y avait au Royaume Uni une communauté italienne immigré avec ses mafieux et ses barbiers qui se font poignarder, et que le conflit qui se déroulait à la même époque en Irlande pouvait toucher les deux grands pays de langue anglaise de la même façon, et que lastructure de classe et la religiosité des personnes était la même… Cela fait beaucoup trop de suppositions. Si l’histoire se déroulait à Boston, par exemple et non pas à Birmingham, Peaky Blinders aurait été un bon film de gangster américain dans un contexte historique précis dans l’espace et dans le temps avec des bons acteurs et une belle musique. Ce film est un bel exemple de la pénétration culturelle américaine de l’histoire britannique et finit par raconter une histoire américaine avec des accents anglais.
Ceci dit, Peaky Blinders a deux originalités : la première est de mettre à l’écran un agitateur communiste dans le rôle du bons gars ; et la seconde de présenter Winston Churchill comme un personnage brutal dont l’image se rapproche d’un chef d’escadrons de la mort : « vous n’êtes plus à Belfast » dit Churchill au chef de police envoyé mater l’hydre à trois têtes: c’est-à dire le
communisme, l’irrédentisme irlandais et le gangstérisme déferlant sur l’île d’Albion. «Vous ne pouvez plus laisser des cadavres traîner dans les rues, il faudra que vous creusiez des trous,
mais creusez-les profonds… ».
Ce qui nous amène au documentaire français signé par David Korn Brzoza appelé « Churchill, un géant dans le siècle ». Ce qui frappe dans ce portrait français de l’homme d’état anglais est l’absence d’une représentation conséquente et contrasté de Churchill dans son rôle. Le cinéste préférant montrer son côté lumineux taisant sa part d’ombre. Ainsi son appréciation sur Gandhi « un fakir à moitié nu » le public français ne l’entendra pas comme il n’entendra pas non plus ce que pensait le Grand homme de la France. David Korn Brzoza se contente d’un hommage grandiloquent et banal. Winston Churchill qui détestait les adulateurs méritait mieux. Un chef de guerre qui, sa vie durant, est arrivé à
incarner le pire et le meilleur de la culture politique de son pays : parfois pirate parfois chevalier de la table ronde.